Vous n'avez jamais remarqué à quel point on peut se sentir seul quand on va mal ? C'est incroyable ce sentiment de solitude qui s'éveille dès qu'on souffre. Comme si on était les seuls à se sentir aussi mal.. Quel égocentrisme. Mais peut-être qu'on en a besoin finalement ? C'est peut-être dans le malheur qu'on pense le plus à soi. En général, on se sent tellement différent et incompris sur le coup, que la tristesse nous donne une sorte d'originalité : on se sent unique, plus unique que d'habitude. Alors que pas du tout. Tout le monde souffre, à un moment ou à un autre, et notre souffrance n'est pas si extraordinaire. On croit souvent être les seuls à ressentir ce que l'on ressent, comme si on était différents des autres que personne ne peut nous comprendre. Quelle connerie. Il y a toujours des gens qui nous ressemblent, des gens qui ont les mêmes soucis que nous, des gens qui nous aiment aussi, malgré tout.
Le problème, c'est qu'on ne le sait pas ou qu'on refuse de le savoir. C'est si confortable de se noyer dans ses problèmes et de s'excuser de sa lâcheté en soupirant « De toute façon, vous pouvez pas comprendre, personne me comprend et personne sait c'que j'ressens.. ». J'imagine déjà que certains vont s'écrier « Comment ça confortable ? Ni'mporte quoi, elle croit qu'on est heureux d'être malheureux ?! ». Mais je n'ai pas tout à fait dit ça. Oui, je crois que certains éprouvent un plaisir à être triste. D'ailleurs, n'est-ce pas ce qu'on appelle mélancolie ? C'est une façon d'être contradictoire, agréablement douloureuse. Je souffre donc je suis ? Se sentir exister par la souffrance ? Ca parait complètement idiot, sachant que chacun cherche à être heureux. Comment peut-on courir après le bonheur en appréciant les blessures, et en remuant même le couteau dans la plaie ? On peut, c'est tout ce que je sais.
Et je crois que plus on souffre, plus on apprécie les petits plaisirs de la vie. En fait, je crois que ceux qui paraissent presque écœurés de la vie sont ceux qui l'aiment le plus. Parce qu'ils font attention et sont sensibles. Ce sont dans leurs yeux perdus que, devant une chose dramatique mais invisible ou sans intérêt pour les autres, une larme scintillera, retenue par la paupière refermée. Et ce sont dans leurs yeux d'enfants que, devant un détail touchant et simplement beau auquel les autres ne prêteront pas attention, le bonheur apparaitra subitement, faisant naître un sourire sur leurs lèvres. Le genre de détails qui sont comme indices : un jour, on a envie de tout foutre en l'air et le lendemain, on apprécie la chance qu'on a d'être là. Et ainsi de suite, jour après jour, des hauts et des bas, et parfois des sommets, et parfois des gouffres. Des gouffres sans fin ? Non, il n'y a pas de gouffre sans fin ; il y a seulement des gens désespérés.
Le désespoir. N'est-ce pas la chose la plus triste qui soit ? Il n'y a pas de vie sans espoir. Tout ce qu'on fait dans la vie, c'est par espoir. C'est ce qui nous pousse à aller plus haut, à ne pas baisser les bras, parce qu'il y a cette petite phrase qui nous trotte dans la tête « On sait jamais.. » et qui fait qu'on se dit que le futur nous réserve peut-être quelque chose de meilleur. Et que rien que pour ça, on doit se forcer à rester un peu, histoire de voir. La curiosité, c'est pas un si vilain défaut finalement.